« Pourquoi ? »- Ce qu’un diagnostic peut changer dans la vie d’un(e) autiste asperger

« Pourquoi ? »- Ce qu’un diagnostic peut changer dans la vie d’un(e) autiste asperger

 

Pourquoi moi ?

Pourquoi dois-je obéir sans poser de question ? N’est-ce pas pourtant en posant des questions que nous apprenons ?

Pourquoi dois-je rester assis sans rien dire alors que je n’ai qu’une seule envie, c’est de bouger et de parler ? ça n’a pas l’air de déranger les autres, je ne comprends pas.

Pourquoi les autres rient et s’amusent ensemble alors qu’ils se bousculent et se font mal ? Moi quand on me bouscule ou que l’on me crie dessus, c’est douloureux et ça m’attriste.

Pourquoi est-ce que l’on ne me parle pas ? J’ai tellement besoin de que l’on me dise des choses gentilles à moi aussi.

Pourquoi est-ce qu’ils crient sur tout le monde ? Ce n’est pas moi pourtant. Je n’ai pas fait de bêtises.

Pourquoi suis-je obligée de faire cette punition de groupe ? Je n’ai rien dis. Pourquoi ne punissent ils pas uniquement les coupables ?

Pourquoi se moque t-ils de moi alors que j’ai demandé à mieux voir le tableau ? ne suis-je pas ici pour bien travailler ? Pour apprendre ?

Pourquoi suis-je obligée de courir au point d’avoir envie de vomir ? Les autres semblent si fiers d’eux à la ligne d’arrivée. De quoi sont-t-ils fiers ? Est-ce d’avoir fait ce qui leur était demandé ?

Pourquoi dois-je faire des efforts pour me sentir bien ?

Pourquoi suis-je obligée de partir en classe de neige alors que je déteste le froid ? Les chaussures me font mal aux pieds, la lumière me fait mal aux yeux. J’ai froid aussi, tellement froid…

Pourquoi est-ce que j’ai envie de pleurer lorsque les autres s’amusent ? Moi aussi je voudrais que l’on rit et que l’on s’amuse avec moi.

Pourquoi est-ce que on se moque de moi quand j’essaie d’entrer dans la conversation ? Un peu comme s’il n’y avait que ce qu’ils racontent qui soit intéressant à dire, et que je n’avais pas le droit de participer.

Pourquoi dois-je encore faire « plus d’effort » ?

Pourquoi dois-je me « remuer encore plus » ?

Pourquoi est-ce que j’ai envie de me mettre dans un trou de souris et de ne plus en sortir ?Est-ce pour ne plus avoir à subir se harcèlement permanent ?

Pourquoi est-ce que je me sens harcelée ? Ils semblent pourtant aimer tous ces bruits assourdissants et ils n’arrêtent pas d’en réclamer encore plus.

Pourquoi veut-on me donner des médicaments ? Pour que je me « sente mieux », soit disant.

Pourquoi alors, est-ce que je ne me sens pas mieux ?

Pourquoi suis-je « malade » ?

Pourquoi est ce que je dérange avec mes « pourquoi » ? Cela fait tant d’année que je demande et que personne ne prend le temps de me répondre.

Pourquoi suis-je « folle » ?

Pourquoi tant de haine dans le monde ? alors que tous le monde parle de « solidarité » ?

Pourquoi tant de souffrance ? alors que de grandes solutions sont toujours énoncées à la télévision ?

Pourquoi tant de violence ?

Pourquoi tant de rejet ?

Pourquoi est ce que je « réfléchie trop » ?

Pourquoi est ce que je « pense mal » ?

Pourquoi la différence est-elle autant rejetée ?

 

Pourquoi mon fils est si mal ? Est-ce de ma faute ?

Pourquoi mon fils me pose autant de questions ? J’essaie de lui répondre autant que je peux.

Pourquoi veut on sortir mon fils de l’école ? Pourtant ils savent qu’il est intelligent.

Pourquoi est-ce qu’il pleure autant ? Qu’est ce qui ne va pas ? Il doit exagérer un peu, lui aussi.

 

Maman, pourquoi dois-je obéir sans poser de questions ?

Maman, pourquoi dois-je courir alors que j’ai mal aux jambes et envie de vomir ?

Maman, pourquoi la vie est elle aussi injuste ?

Maman, pourquoi dois-je aller en classe de neige ?

Maman, pourquoi est ce que tout le monde me bouscule ?

Maman, pourquoi est ce que l’on me parle aussi mal ?

Maman, pourquoi se moquent-ils de moi ?

Mon fils, pourquoi est ce que tu pleures ?

C’est dur Maman..

 

Je sais.

 

Et le diagnostic arrive.

 

Enfin un mot sur la différence.

D’abord pour toi, puis pour moi.

Nous sommes normaux. Nous ne sommes pas malades.

Je ne suis pas folle.

Nous n’avons pas besoin de médicaments, seulement de calme et de respect.

Pourquoi devrait-on accepter ce qui ne nous convient pas, aller vers ceux qui nous font du mal, faire ce qui qui nous rend triste, sous prétexte que c’est ce que font les autres ?

Laissons tout ce qui nous dérange derrière nous !

Trouvons-nous des amis qui nous comprennent, vivons selon nos envies.

Profitons de notre pensée incessante pour apprendre et découvrir d’avantage de choses. Alimentons et libérons nos pensées.

Je veux écrire ce « savoir expérimenté », explorer une nouvelle vie qui nous convient mieux !

Et pourquoi ne pas faire l’école a la maison ? Pendant que tu apprendras tes leçons, j’apprendrais comment nous fonctionnons.

Osons le dire haut et fort !

Oserai-je dépasser mes peurs ? N’est pas le vrai sens du mot courage ?

Pourquoi ce ne serait pas moi, debout sur une estrade, à expliquer aux autres professionnels que non, nous ne sommes pas malade ? Que nous ne sommes pas fou ? Que nous sommes juste différents, comme des personnes issues d’une autre culture ?

Et enfin, juste me sentir bien.

Avoir le droit d’être moi.

Avoir le droit, de temps en temps, de flancher et de me sentir mal. Sans jugement.

Cherchons et trouvons des solutions ensembles pour se sentir bien tel que l’on est !

Laissons de côté ces médecins qui ne veulent pas écouter les neurosciences et restent bornés sur la psychanalyse !

Gardons en mémoire qu’au États-Unis, des félicitations accompagnent le diagnostic !

Regardons cette différence comme une chose positive, en décidant qu’elle le soit.

Qu’est ce qui pourrais nous en empêcher à par nous ?

Après tout nous ne sommes plus ces personnes qui durant leur enfance étaient remplies de « pourquoi » sans réponse.

Maintenant nous savons.

Maintenant nous pouvons plus facilement faire avec ce que nous sommes, qui nous sommes.

Vivons notre vie à fond.

 

En étant simplement bien…

 

Et pourquoi pas vous ?

 

Image : Pourquoi ? de Lucile Pasqualini